Après Gagny (93) et Eaubonne (95), c’est au tour de Garges-lès-Gonesse d’être l’objet d’intrusion de la part de groupes violents au sein d’établisse- ments scolaires. Les effets de manche du président de la République, en déplacement à Gagny, ont fait long feu. Pourtant, comme à son habitude, Nicolas Sarkozy avait réagi aux évènements survenus au lycée J-B. Clément de Gagny en dégainant un nouveau plan contre « les bandes violentes ».
Parmi les mesures annoncées, à grand renfort médiatique, l’appartenance, « en connaissance de cause », à une bande ayant des visées agressives sur les biens et les personnes serait punie d’une peine de trois ans d’emprisonnement. Une mesure qui laisse songeur dans les rangs de la police : « C’est la loi anticasseur mise en place dans les années 70 et revisitée sous l’angle des cités sensibles », estime un officier cité par le journal Libération. « La notion de bande étant quelque chose d’extrêmement mouvant, c’est toujours très difficile de définir la notion d’appartenance ».
Autre mesure suscitant le trouble :
la création d’un fichier dédié aux violences urbaines et aux phénomènes de bandes qui repose les questions sur le fichage des mineurs. Le débat sur le fichier Edvige n’est pas si loin.
En cette période de crise économique et sociale, les annonces musclées, la posture répressive et sécuritaire de Nicolas Sarkozy ne visent-elles pas à tenter de retrouver un certain crédit auprès d’un électorat dépité selon les derniers sondages ? Certes, ces évènements gravissimes ont eu lieu. Chacun a d’ailleurs souligné le courage et la dignité des personnels dans ces circonstances.
Avec ces intrusions de groupes, un cap a été franchi. L’institution scolaire n’est désormais plus ce lieu protégé, « sacré », à l’abri des règlements de compte de bandes extérieures. Le dénigrement systématique de l’École et des enseignants par les responsables politiques n’y est pas étranger. La diminution du nombre d’adultes dans les établissements affaiblit l’autorité de l’Institution. Il n’y a pas de recette magique pour résoudre ces problèmes et des renforcements de la sécurité sont sans doute nécessaires. Mais surtout, les personnels ont besoin d’un soutien total de toute la société, de leur hiérarchie et de l’ensemble des responsables politiques afin d’assurer, avec l’autorité nécessaire et en toute sérénité, la difficile mission qui est la leur.
Michel Martinet