Mais alors que la récession frappait déjà à la porte, la crise financière internationale, déclenchée par l’affaire des subprimes, s’ajoute désormais à la dépression économique. La fragilisation d’un système bancaire, miné par des spéculations folles, menace via la raréfaction du crédit, la consommation comme l’investissement.
L’injection massive de capitaux, par les États et les banques centrales, était indispensable pour tenter de stabiliser un système financier menacé d’écrou-lement. Elle n’aura pas suffi à rassurer les marchés car, lorsque tous les cadrans sont au rouge, les investisseurs anticipent sur de nouvelles rétractions de l’activité économique.
Dans un contexte aussi grave, l’intervention du gouvernement français est-elle à la hauteur ? Qu’un État « au bord de la faillite », selon F. Fillon, soit en mesure de mobiliser aussi vite trois cent soixante milliards d’euros pour solvabiliser les banques françaises, a de quoi surprendre. Certes, ces capitaux proviennent d’abord d’une réorientation des livrets d’épargne et de fonds de la Caisse des dépôts. Mais quarante milliards environ seront bien directement imputables au budget de l’État.
À l’évidence, lorsqu’il s’agit de voler au secours de grandes banques privées, le gouvernement sait être généreux. On ne peut en dire autant pour les services publics, assignés aux retraits d’emplois alors que, face à la crise, ils sont des facteurs encore plus essentiels pour l’égalité et la cohésion sociale. Les trente mille suppressions de postes de fonctionnaires, du projet de budget 2009, économiseront six cents millions d’euros, dont deux cents millions pour les treize mille cinq cents emplois menacés dans l’Éducation nationale. Des économies de bouts de chandelle comparées aux quarante milliards évoqués, mais dont le coût social sera considérable pour le pays.
Cette absence de préoccupations sociales caractérise bien le plan anti « crise économique » annoncé par N. Sarkozy. Aider les entreprises, et singulièrement les Pme, est une chose. Mais affaiblir, via l’exonération de la taxe professionnelle, les collectivités publiques qui sont de gros investisseurs au compte de l’intérêt général, est contreproductif. De même, l’absence de toute mesure salariale maintient les salariés la tête sous l’eau, négligeant l’effet d’entraînement qu’aurait sur le marché intérieur une relance de la consommation.
Luc Bérille